Bienveillance, pourquoi cet article ?
A la demande d’une journaliste d’Opinion Internationale en mars 2019, Alexandre Favre, fondateur du CGBB, a écrit un article sur ce qu’est, pour lui, la bienveillance. Pour cet article, il s’est inspiré de textes qu’il avait lu sur différents supports et qui faisaient écho pour lui, de sa propre expérience et depuis, de l’événement incroyable que nous avons vécu avec le confinement et cette crise sanitaire.
Osez la Bienveillance !
“La bienveillance commence par nous-même ! Se dire un mot gentil et sincère chaque matin est déjà un bon début. Puis, nous pouvons étendre cette saine habitude à tout notre entourage en les complimentant à des sujets divers et variés.
Covid-19, révélateur ?
La bienveillance, c’est, je pense, avant tout l’acceptation de la différence de l’autre. Celui qui n’est pas capable d’accepter qu’autrui ne soit pas comme lui, ou pire, qu’il puisse se permettre de penser différemment, ne peut pas se dire bienveillant. Nous le voyons actuellement de façon démultipliée avec les divergences d’opinions sur ce qu’il serait bon ou non de faire pour lutter contre la pandémie de Covid-19. La science n’étant elle-même pas d’accord, bien malin celui d’entre nous qui puisse se permettre de mieux savoir que les autres. Et pourtant, combien ne voyons-nous pas sur les réseaux sociaux ou dans notre quotidien, les uns et les autres juger, sans la moindre retenue, dès que le comportement de l’un est différent de celui que nous estimons, à travers notre propre incompétence, inapproprié. Il ne peut y avoir de bienveillance sans tolérance.
Qu’est-ce que la bienveillance ?
Le Graal de l’époque si l’on en croit désormais tout ce que l’on peut lire ou entendre à son sujet de façon permanente. Un précieux après lequel courent les médias, le luxe, l’entreprise, les artistes, les entrepreneurs, les salariés, les hommes et les femmes, finalement tous ceux qui savent que nous ne sommes forts que lorsque nous sommes unis.
Véritable art de vivre, la bienveillance est la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui, d’une manière désintéressée et compréhensive. Cette disposition affective est une prise de conscience que nous aspirons finalement tous au bonheur. La définition du bonheur est elle un sujet différent sur lequel nous pourrions longuement débattre, au sujet de laquelle nous aurions tous des avis différents qui seraient, à n’en pas douter, tous exacts, tant il semble que le bonheur est singulier et très personnel.
La Bienveillance se cultive t’elle ?
Bénéfique, tant sur le plan mental que physique, comment cultiver la bienveillance dans son quotidien, dans son cercle amical ou bien encore dans l’entreprise, où pouvoir et performance gouvernent souvent les actes de management ? La société cherche à répondre à cette question existentielle. Peut-être encore davantage depuis les terribles attentas de 2015 et encore bien plus depuis l’épreuve du confinement qui a bouleversé nombre de nos certitudes.
La posture de bienveillance n’est pas la plus naturelle car elle suppose d’oser la relation vraie, de se dévoiler et d’être en capacité de lâcher prise. Il est beaucoup plus facile de se retrancher derrière son quant à soi.
La bienveillance est parfois innée mais c’est rare. Généralement, elle se concrétise à la suite d’un ou de plusieurs événements. Chez moi, c’est l’enchaînement des attentats de 2015, la naissance de mon fils et cette insoutenable pression d’un job qui m’a amené à licencier beaucoup trop de monde, pendant beaucoup trop longtemps, pour des raisons que je ne partageais pas. C’est le questionnement de savoir si l’adolescent que j’ai été, celui qui a commencé sa carrière à 16 ans en déchargeant des camions, aurait été fier de l’homme qu’il était devenu.
La Bienveillance au XXIe siècle
Je crois, ou je veux croire, que plus aucun d’entre nous ne peut continuer de vivre reclus sur lui-même, sans se préoccuper de ceux qui l’entourent. Si le monde, depuis son existence, est fait de crises et de catastrophes, nous constatons une accélération terrible de celles-ci au XXIe siècle. En seulement 20 ans nous avons vécu, le World Trade Center, les attentats de Madrid, le Tsunami, les bombes de Londres, la crise des Subprimes, le tremblement de terre d’Haïti, le Printemps Arabe, Fukushima, les attentats terroristes d’Anders Breivik, la tuerie dans l’école juive de Toulouse, les attentats du marathon de Boston, la révolution ukrainienne, les attentats de 2015, le 14 juillet 2016 à Nice, l’attentat de Berlin à noël 2016, la crise sanitaire du Covid-19, etc. Toutes ces horreurs nous ont forcément ouverts les yeux sur la fragilité de la vie, son éphémérité et sur l’importance de profiter de nos proches au présent.
La bienveillance est la curiosité de l’autre. C’est, de façon naturelle et spontanée, notre capacité à envoyer des signes de notre présence, de notre écoute, de notre attention, de notre affection, de notre amour.
La bienveillance, c’est ce SMS reçu il y a quelques jours de mon frère et qui dit simplement ; “Salut Alex, je t’aime. Bonne journée”. Les plaisirs les plus simples et les plus inattendus sont certainement les meilleurs.
La Bienveillance, suite et fin…
Se comporter avec bienveillance, c’est décider consciemment de contribuer à rendre le monde meilleur, et non d’être gouverné par notre inconscient avec ce qu’il comprend de mécanismes liés à la survie, la peur et la domination. Dans une société en mal de repères, la bienveillance se positionne comme une valeur fédératrice.
L’intérêt ultime de la bienveillance, c’est qu’elle fait autant de bien à celui qui la reçoit qu’à celui qui l’exerce.
La bienveillance ne se proclame pas, elle se vit, s’entretient et se démontre au quotidien. Elle est un moteur et une source d’épanouissement personnel et collectif.
Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour, ainsi va la bienveillance…”
Alexandre Favre
